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Le sport et le rapport à la puissance

A un moment où les questionnements sur nos modes de vie et nos sociétés sont incessants, nous re-publions et complétons cette analyse sur un des valeurs cardinales du sport, la puissance.

Le physique donne quelques indications sur la puissance de l’individu. En complément d’information, on précisera que Robert Förstemann est champion olympique.

Ce sont deux étudiants qui ont imaginé ce scénario. L’idée date de quelques années mais peu importe. Au contraire même, cela confirme l’inertie de la société, la nôtre, devant l’addition des signes qui devraient pourtant la faire réfléchir.

On connecte donc le champion a un grille pain. Un monstre physique branché à un des objets dont l’utilisation est la plus anodine.

L’idée nous parle pour la raison suivante : le sport rend assez humble en général, certains plus que d’autres mais cette idée cache une réalité.

L’homme, surtout le mâle qui s’imagine alpha , va y chercher une forme de puissance personnelle au sens propre comme au figuré. De réalisation de lui-même pour reprendre un concept très actuel. Nous vivons au sein d’un monde dans lequel le sport est omniprésent et le spectacle sportif, le sport qui se regarde comme l’a théorisé Alain Loret, prend une place parfois inquiétante dans les médias. Son impact est tel, son récit à ce point fabriqué et exploité, s’accompagnant souvent d’une spectacularisation comme le souligne Seghir Lazri dans Libération, il influence  nos valeurs. Le terme (spectacularisation) figure dans son dernier article sur l’alpinisme et la problématique de l’Everest mais lorsqu’il cite la sociologue Delphine Morano pour aborder la dimension de domination et la dimension d’exemplarité, on sent bien qu’une grande part du récit sportif moderne, par opposition aux phases post-moderne puis transmoderne, est bien là.

Revenons donc à la puissance, à Super Robert face au grille pain. Vous avez sans doute commencé par regarder la vidéo donc non seulement vous ne regarderez plus jamais vos tartines grillées comme avant mais vous savez….

Notre puissance est très faible finalement. Tout du moins, elle est relative. Il est largement temps que le récit sportif nous propose d’autres pistes.

Suggérer la toute puissance associée même indirectement à la victoire est une erreur. Une erreur qui pèse sur les inconscients et qui participe à la place que l’homme se donne dans son propre monde. L’humain trouve sa dimension dans l’équilibre. Ou devrait.

Nous citons souvent Hartmut Rosa qui parle de résonance. Le sport participe à notre rapport au monde. Changeons notre rapport au monde, on se rend bien compte que c’est plus que jamais nécessaire, donc changeons de focale pour le sport aussi.

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