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Réinventer le sport implique de repenser son récit

L’agence Codezero est née d’une idée fondatrice. Le sport est en pleine mutation, notamment sous l’effet des évolutions sociétales. Le monde change, très vite, on ne peut pas imaginer que les schémas des années 60 soient toujours adaptés.

Analyse VISION initialement publiée le 21 avril 2019.

Jason Van Bruggen a un talent extraordinaire. Il transforme tout ce qu’il voit en « scènes », en instants dont on fabrique les rêves. Il oeuvre cette fois-ci pour le compte de Gymnastics Canada, et ceci qui nous amène à quelques réflexions qui n’engagent que nous, accordons-nous cette fois sur l’exercice suivant qui tient plus de la réflexion que de l’analyse.

Les racines de la gymnastique sont très anciennes et les valeurs qu’elle véhicule, collent parfaitement aux Jeux Olympiques et à  une certaine idée du sport. Celle pour qui le haut de la pyramide justifie le reste. Parmi ces valeurs cardinales, il y a l’effort, le travail et l’excellence. La nécessité de fournir les deux premières conduisant (éventuellement) à la troisième. On ne saurait que trop vous conseiller les deux livres qu’Isabelle Queval à consacrer au sujet et notamment « La philosophie de l’effort » qui n’est en aucun cas un livre à charge mais un pavé éclairant.

Revenons aux images, à travers l’objectif de Van Bruggen ;

La proposition semble irrésistible. La gymnastique est un art. Chaque plan est un invitation, une bulle encapsulée dans un flux qui emporte. Il y a le mouvement, bien sûr, le parcours, l’ombre et la lumière.

Il y a aussi le résultat, les médailles mais comme souvent avec Van Bruggen, la force du propos est ailleurs. C’est précisément cet angle qui nous plait, à fortiori au moment où dans l’hexagone, rien ne semble plus exister pour le microcosme sportif que l’horizon 2024 et les médailles justement.

La gymnastique est une des disciplines les plus élitistes qui soient et symbolise à nos yeux, le deal un peu faustien que propose le sport de haut niveau pour ne pas dire l’olympisme. Ceux qui organisent les J.O savent très bien qu’il n’y a que trois places sur le podium, deux d’entre elle seront vite oubliées mais l’obligation de trouver la perle rare leur impose de passer au tamis toute les sociétés de tous les pays, quitte à en appeler à la destinée des nations. C’est le ressort même de la compétition mondiale objecterez-vous, c’est le moteur du soft power dont les attendus sont plus sombres.

Depuis les années 60/70 en occident et depuis beaucoup plus longtemps ailleurs, là où certaines philosophies l’emportaient encore sur le pragmatisme, le sport n’est plus uniquement résumé par les « disciplines » traditionnelles. Il y a des sports « libres » et chacun peut donc choisir sa destinée sportive. On peut tout de même rêver que le prochain stade soit peut-être l’évolution du récit qui sous-tend des pratiques comme la gymnastique justement, puisque c’est de ça que nous sommes partis avec le film de Van Bruggen. La juste question serait, comment faire rêver avec la gymnastique, pratique fabuleuse, en la faisant exister d’une manière un peu différente, en la faisant exister en dehors du spectacle global qui agite les élites pendants les cinq années qui précèdent l’olympiade, mais dont la réalité ne dure qu’un mois. Comment faire exister la gymnastique mais d’autres sports aussi sans la tyrannie du podium. Vers plus d’expression corporelle et d’humanité. N’est-ce pas finalement ce qu’ont fait les filles de UCLA qui ont mis en ce début d’année le feu aux réseaux sociaux.

Nombreux sont ceux qui désirent se servir du sport pour faire une société française plus belle. N’attendons pas 2024 et ne nous limitons pas à imaginer la suite du sport uniquement dans cette optique. Le même propos ne passerait pas dans la société, nous avons émis cette idée, pour le coup c’était une analyse et elle est lisible ici : « Quand sport et société se contredisent. » 

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