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Et si la vallée était aussi l’avenir de la montagne ?

Il y a bien sûr, un skatepark, pour l’heure emprunté par les BMX , une pumptrack, à l’inverse squattée par les skaters, un site réservé à la slackline, avec une grande aire pour s’assoir sur l’herbe au bord du lac, enfin, en arrière-plan, des allées et de nombreux stands de matériel et de services en relation avec toutes les pratiques outdoor.

On peut essayer une One Wheel, tester la slack au-dessus de l’eau, se lancer sur la pumptrack à vélo, en skate ou en trottinette, une bande de « gamins » se challengent à la poutre, l’imaginaire de la grimpe leur va apparemment bien. Il y a du monde, beaucoup de monde sur les diverses aires de l’Outdoormix Festival au cœur d’Embrun ce week-end de fin mai.

On constate très rapidement que ce rendez-vous attire un public varié évidemment, mais globalement jeune et plutôt sportif (à l’inverser l’âge moyen élevé est un marqueur de certains salons ou événements). Pour avoir participé à de très nombreux rendez-vous comparables depuis quelques décades, certains signes ne trompent pas : que ce soient les vêtements « identitaires » (Pictures, Deus, Billabong, Patagonia, Santa Cruz, ainsi que d’autres marques glisse et outdoor plus ou moins « core »), les attitudes, les « accessoires », notamment le sac à dos très emblématique d’une culture montagne qu’il n’est pas étonnant de retrouver à Embrun, les vélos (Dirt et BMX), les skates, l’ambiance générale pour terminer. Le sentiment, c’est qu’ici, on a réussi le bon « mix » en attirant une grosse communauté de pratiquants et sans doute en parallèle un public plus étendu adepte de montagne, de sport outdoor, d’aventure et de van life.

Ce qui interpelle également, et surtout, c’est la présence de nombreux enfants, ainsi que de familles qu’on devine très centrées autour de cette culture. La transmission d’une passion commence souvent là. On parle bien du sport postmoderne (skate, BMX surf, VTT, etc…) apparu dans les années 70/80 et qui s’est globalement intégré au paysage sportif depuis. Comme une évidence. La nature a remplacé le stade, c’est acquis.

Revenons d’ailleurs sur le pumptrack, « objet » emblématique des évolutions récentes. La veille, s’y déroulait une épreuve de BMX, là, c’est en skate qu’on s’explique en live sur un parcours chronométré. Garçons et filles mélangés, grosso modo entre 8 et 18 ans, avec du niveau, de l’envie, et du public tout autour. Le slogan « Skateboarding is not a crime » est toujours d’actualité. L’aire où se « joue » la slackline rassemble beaucoup de spectateurs assis dans l’herbe. Le tableau fait très festival. Même si le look des athlètes fait penser à des musiciens (et cet aspect cross culture est très révélateur), c’est bien un scénario sportif qui se déroule là. Le niveau est bluffant, et on est bien dans cette sorte d’expression corporelle dont nous avons souvent parlé dans Codezero. Quelque chose de très enthousiasmant entre gymnastique, performance athlétique et danse. À l’heure où les institutions cherchent des idées pour de nouvelles motivations sportives, c’est une piste.

Difficile d’énumérer toutes les nombreuses facettes sportives de l’Outdoormix, le bien nommé festival qui a réussi à tisser un vrai lien, crédible, entre différentes pratiques, engagées ou non, sans transformer le rendez-vous en un « machin » grand public sans âme. Souhaitons qu’il se développe et qu’il parvienne à conserver ce subtil équilibre. Il y a aussi un espace eau vive avec du kayak et du surf, un spot de VTT Dirt, sans oublier une grosse programmation musicale le soir. On pense bien évidemment au F.I.S.E de Montpellier, mais la taille n’est pas comparable et on est moins dans un registre compétition de haut niveau, l’angle est plus participatif et c’est très complémentaire.

En repartant d’Embrun, le regard se pose sur les sommets alentour. Une question : à l’heure du réchauffement climatique et des crêtes qui seront de moins en moins blanches, doit-on penser l’avenir de la montagne en vallée et plus uniquement sur les sommets ? L’avenir ne ressemblerait-il pas – avec un léger glissement saisonnier – à cette « outdoormix life » ?  

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