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Le skate, logiciel libre du sport

Le but ici n’est pas de philosopher sur l’aspect culturel de la planche à roulettes, mais d’essayer de réfléchir à ces caractéristiques, à ces atouts en tant que pratique.

Le skate a traversé les époques en conservant une aura très forte, une capacité à influencer et à inspirer de nombreux milieux créatifs tels que la mode, la musique ou la danse. Il a bien sûr évolué depuis Tony Alva, Stacy Peralta ou Jay Adams, mais a conservé les attributs qui faisaient son essence, à savoir le mouvement, le trick, tout en incarnant une autre façon de parler de chorégraphie, de liberté, de différence, de forme de « marginalité » et d’indépendance. En clair, il séduit encore partout dans le monde et continue de toucher les plus jeunes.

C’est Rodney Mullen, considéré comme le père spirituel du street moderne, qui s’exprime dans ce TED Talk. Personnage décalé et touchant, il aborde justement un certain nombre de notions qui vont bien au-delà du skate.

Mimétisme et culture graphique

Passons rapidement sur le mimétisme et la liberté : pour le mimétisme, ce sont de simples photos qui ont décidé de son destin. On devrait accorder plus d’importance à ce mécanisme d’appartenance quasi-immédiat dont beaucoup de sportifs ont témoigné, y compris dans des disciplines plus traditionnelles.

Tout comme le surf, le skate s’est construit autour d’une très forte culture graphique, ce n’est pas un hasard. En ce qui concerne la liberté, Mullen la caractérise par l’absence d’entraîneur et d’adversaire direct. Il faut garder ça à l’esprit, c’est un atout identifié de beaucoup des tendances qui ont émergé à partir des années 70 et jusqu’à aujourd’hui.

Le point crucial est le moment où il évoque sa relation avec le terrain. Le skate est une forme d’interaction avec la ville, nous avions déjà abordé cette idée. Le skate était un courant culturel fort qui touchait les plus jeunes, une micromobilité bien avant l’heure et un sport « libre » profondément urbain. Il aurait dû être pris au sérieux par les aménageurs ou les législateurs, par tous ceux qui se préoccupent de la jeunesse.

Context shapes content

Aujourd’hui, que peut-on tirer comme enseignement des erreurs du passé, que peut-on proposer aux jeunes générations en ville qui soit passionnant, libre et créatif et tirer parti de ce que dit Mullen.

Qu’est-ce qui est utile ? « Context shapes content » est une idée intéressante. Le contexte influence le contenu (dans ce cas, l’action). L’environnement va influencer le mouvement. On commence à peine à concevoir la ville pour les habitants et non plus pour sa fonction (Charte d’Athènes 1933).

Il termine sur le processus créatif. Les figures sont composées de « sous-mouvements », dit-il, et ces sous-mouvements sont là en attente, flottants et, au moment clé, ils se connectent entre eux. Cette conscience du mouvement et surtout du corps, par le biais du skate, exercice intuitif et libre, pourrait être un axe d’apprentissage intéressant. En fait, il explique comment les intuitifs procèdent.

Enfin, ce qu’il dit sur l’apport de chacun, la manière dont il s’approprie une figure et la « rend » ensuite à la communauté est éclairant. On en revient au mimétisme. Il n’oppose pas bien au contraire, l’individu et la communauté. L’un nourrit l’autre.

Open source

La symétrie est superbe et son parallèle avec Linux et l’open source a du sens. En tout cas, cette façon de voir les choses est intéressante et on pourrait parler du sport de cette façon.

Il termine justement sur la communauté et finalement parle de transmission sans prononcer ce mot.

Ce type est génial, pas seulement sur un skate.

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